Contrôle des maladies infectieuses
Séroprévalence d’anticorps Anti-SARS-CoV-2 chez les donneurs de Sang à Madagascar durant l’épidémie de 2020
La maladie infectieuse COVID-19, qui a émergé vers la fin de 2019 dans la ville de Wuhan en Chine, continue de faire des ravages dans le monde à ce jour. En effet, au 28 juin 2021, plus de 179 millions de personnes avaient été infectées par le coronavirus SARS-CoV-2 dans le monde et plus de 3,8 millions de décès avaient été signalés. En Afrique, l’incidence des épidémies de COVID-19 semble être différente de celle du reste du monde avec 3,9 millions de cas confirmés (~2% des personnes infectées) et 93 519 décès, mais leur véritable ampleur est probablement sous-estimée. En effet, mener des enquêtes sérologiques en population au cours d’une épidémie est particulièrement difficile, à cause des contraintes liées aux mesures de confinement imposées à la population. C’est pourquoi, pour déterminer l’ampleur de l’épidémie à Madagascar, nous avons décidé d’utiliser des échantillons de sang collectés dans les banques de transfusion sanguine de 5 régions de la grande île1.
En parallèle, des données régionales de surveillance épidémiologique COVID-19 ont été collectées tout au long de l’épidémie de 2020 dans les 5 villes pendant 9 mois. La séroprévalence des anticorps anti-SARS-CoV-2 des donneurs de sang a été analysée mensuellement. Nous avons observé que peu de temps après avoir atteint les premiers pics épidémiques entre mai et août 2020, les séroprévalences des anticorps anti-SARS-CoV-2 ont rapidement augmenté chez les donneurs de sang malgaches, atteignant une positivité de plus de 40%. En supposant que les séroprévalences constatées chez les 9,5 millions d’habitants des 5 régions représentant 37% de la population, étaient identiques à celles de leurs donneurs de sang appariés, on peut estimer que 3,6 millions d’individus auraient été infectés par le SARS-CoV-2 en 2020, contre 12 930 cas notifiés signalés au cours de la période d’étude dans ces régions.
Ces résultats suggèrent une incidence d’infection élevée qui semble avoir contribué à la décélération des taux d’infection. Néanmoins, cette immunisation collective n’a pas été suffisante pour éviter la deuxième vague épidémique qui a frappé Madagascar au premier semestre 2021. Ce projet a été financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international à travers le projet RISE et par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères à travers le projet REPAIR COVID-19-Africa coordonné par l’association Pasteur International.
1 SARS-CoV-2 antibody seroprevalence follow-up in Malagasy blood donors during the 2020 COVID-19 Epidemic. Schoenhals M, Rabenindrina N, Rakotondramanga JM, Dussart P, Randremanana R, Heraud JM, Andriamandimby SF, Sahondraniaina PH, Vololoniaina MCA, Randriatsarafara FM, Rasolofo V, Randriamanantany ZA, Spiegel A. EBioMedicine. 2021 Jun 4 ;68 :103419. doi: 10.1016/j.ebiom.2021.103419.
Lien vers l’article : https://www.thelancet.com/journals/ebiom/article/PIIS2352-3964(21)00212-7/fulltext