Le paludisme est une parasitose potentiellement mortelle provoquée par des parasites du genre Plasmodium. Deux espèces de ce parasite (P. falciparum et P. vivax) sont majoritairement responsables de ce grave problème de santé publique. Ces deux espèces sont notamment rencontrées à Madagascar et en Ethiopie. P. falciparum est associé à des infections graves mais aiguës tandis que P. vivax est responsable d’infections chroniques, souvent moins sévères mais impliquant une morbidité importante au niveau des populations.
Le contrôle de P. vivax est particulièrement difficile notamment en raison de sa biologie particulière. Lors d’une infection, P. vivax persiste via des formes dormantes à l’intérieur du foie pouvant se réactiver des semaines ou des mois après une infection. Cette réactivation peut conduire à une récurrence des symptômes et faciliter la transmission du parasite. Cibler les stades dormants est donc crucial pour un contrôle efficace. Malheureusement, il n’existe pas à l’heure actuelle de méthode permettant le diagnostic de la présence de parasites dormants.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet PvSTATEM, Tests sérologiques et traitement du paludisme à Plasmodium vivax à Madagascar et en Ethiopie (« P. vivax Serological Testing and Treatment in Ethiopia and Madagascar ») en visant notamment à répondre à cette problématique via une méthodologie diagnostique innovante.
Du lundi 15 au mercredi 17 mai 2023, l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) a accueilli les coordinateurs de ce projet venant de l’Institut Pasteur Paris (IPP), du London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM-Royaume-Uni), ainsi que l’équipe de l’Université de Galway, un des partenaires du projet. Ils viennent pour discuter et planifier le travail à venir autour du projet PvSTATEM et également pour lancer le début du projet à Madagascar. Cette réunion va permettre aux participants (chercheurs, médecins, agents communautaires, agents du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) etc.) de mettre en avant les défis à relever dans la réalisation de ce projet et de trouver des solutions.
En effet, un test sérologique de diagnostic permettant de mesurer les anticorps dirigés contre une sélection spécifique d’antigènes de P. vivax a été mis au point. Cette nouvelle méthodologie diagnostique permet d’estimer si une personne est porteuse de formes dormantes de P. vivax et ainsi de pouvoir proposer un traitement basé sur la primaquine qui permettra d’éliminer ces formes dormantes. Au niveau individuel cela permettra d’éviter la survenue d’infections sanguines récurrentes tandis qu’au niveau de la population cela devrait permettre une baisse de la prévalence de ce parasite.
Ce nouveau paquet d’intervention « P. vivax Serological Testing and Treatment (PvSeroTAT) » permettra d’améliorer la lutte contre le paludisme et diminuer sa transmission. A part ce volet permettant d’évaluer l’efficacité de l’intervention, une évaluation de son acceptabilité par la communauté et aussi par le système de santé sera effectuée. La technologie mobile sera également utilisée pour faciliter la mise en place de l’intervention au niveau du système de santé.
Les objectifs attendus sont nombreux, à savoir : la réduction de l’impact de paludisme, l’implication directe des systèmes de santé locaux, le renforcement des capacités et la formation du personnel basé à Madagascar.
Ce projet a reçu un cofinancement du programme de recherche et d’innovation Horizon Europe de l’Union Européenne et de l’UKRI (United Kingdom Research and Innovation). Il est réalisé en partenariat avec l’Institut Pasteur Paris, the London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM), The Armauer Hansen Research Institute (AHRI), l’Institut Pasteur de Madagascar, the University of Galway, ONG FIND, MEDEA Srl et WEHI.
Michael WHITE, responsable de la structure Epidémiologie et Analyses des Maladies Infectieuses à l’Institut Pasteur (Paris), s’est exprimé sur le but du projet : « Le lancement du projet PvSTATEM à Madagascar va permettre d’évaluer le test diagnostique que nous avons développé avec nos collègues australiens. C’est un test biologique pour mesurer le niveau d’anticorps contre le paludisme, surtout le P. vivax. Avec ces tests on peut détecter le parasite qui se cache dans le foie. Quand on peut identifier les personnes infectées, on peut donner le traitement. L’Institut Pasteur de Madagascar notamment à travers l’Unité d’Epidémiologie et de Recherche Clinique va réaliser des essais cliniques afin d’évaluer ces tests, pour démontrer que notre technologie marche, en réalisant par exemple des tests moléculaires et sérologiques. »
Chris DRAKELY, Professeur en Infection et Immunité à la London School of Hygiene & Tropical Medicine (Royaume-Uni) a ensuite ajouté : « Avec ce test diagnostique, nous espérons aider la communauté et diminuer la transmission du paludisme. »
C’est également le souhait du Dr Raharilalao Nomenjanahary Jeannine du PNLP : « Comme le genre Plasmodium vivax est présent à Madagascar, le projet PVSTATEM est une grande opportunité pour la lutte contre le paludisme dans notre pays. Nous espérons une pérennité de cette activité, car le traitement peut sauver beaucoup de vies. »
La réunion des coordinateurs du projet PVSTATEM
Dr Raharilalao Nomenjanahary Jeannine du PNLP annonçant le lancement officiel du projet à Madagascar