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Vibrio cholerae à Madagascar : étude d’une souche multirésistante
Le choléra a épargné Madagascar jusqu’en mars 1999 où le premier cas fut rapporté à Mahajanga, un port de la côte Nord-Est. Dix mois plus tard et malgré l’utilisation massive de tétracycline à titre prophylactique, toutes les régions de l’île ont été atteintes.
Tout prélèvement suspect de choléra était envoyé systématiquement à l’Institut Pasteur de Madagascar pour identification et étude de la sensibilité des souches identifiées. C’est ainsi que suite à la découverte d’une souche de Vibrio cholerae multirésistante, nous avons décidé d’approfondir son étude par la détermination des Concentrations Minimales Inhibitrices (CMI) et par des études plasmidiques et de conjugaison.
Comme la souche initiale, cette souche montre une résistance au cotrimoxazole, à la streptomycine, au chloramphénicol et à l’agent vibriostatique O129 mais apparaît en plus fortement résistante à l’ampicilline et à la tétracycline. Elle héberge un plasmide de 26 kb transférable à E. coli.
Les tests de transfert suggèrent un transfert interrompu à partir d’un seul plasmide (existence de ségrégants plasmidiques) ou l’acquisition de 2 plasmides différents. Le faible taux de transfert observé pourrait expliquer le caractère unique de cette souche.
L’apparition de cette souche multirésistante doit encourager les autorités sanitaires malgaches à maintenir un réseau de surveillance épidémiologique du choléra à travers tout le pays et à poursuivre les prélèvements bactériologiques de suivi de l’état de sensibilité du vibrion aux antibiotiques.