Publication
Un problème de santé réémergent à Madagascar : les intoxications collectives par consommation d’animaux marins (1993-1998)
Au cours des années récentes, 19 épisodes d’intoxication collective par consommation d’animaux marins ont été notifiés au Ministère de la Santé de Madagascar. Ce problème de santé publique, oublié pendant près de 30 ans par l’administration, a mobilisé ces dernières années le Ministère de la Santé qui a structuré un programme de surveillance et de prévention de ces intoxications. Les animaux marins en cause sont multiples : requins, tortues, poissons et mollusques.
Les intoxications après consommation de requins sont les plus fréquentes. Elles donnent des tableaux cliniques à prédominance neurologique; ces tableaux varient de situation gravissime comme l’épisode de Manakara en 1993 avec une létalité de près de 30%, à des formes plus modérées évoquant plutôt la ciguatera comme le dernier épisode de Toliara en 1997 où la létalité était nulle. Dans la majorité des épisodes, des biotoxines marines ont pu être mises en évidence.
Les intoxications après consommation de tortues de mer ne sont pas rares; elles concernent essentiellement deux espèces : Eretmochelys imbricata et Chelonia mydas. Dans la moitié des épisodes, des signes cliniques muqueux et neurologiques « pathognomoniques » des chelonitoxines sont retrouvés.
Les intoxications après consommation de poissons sont moins fréquentes. Elles sont dues à différentes espèces. Le poisson baudruche (Arothron sp) est un poisson connu pour sa toxicité liée à la tétrodotoxine. Le hareng à bande bleue (Herklotsichthys quadrimaculatus, Clupeidae) fait partie d’une famille de poissons connue pour ses risques de toxicité, classiquement dénommé clupéotoxisme; l’épisode survenu à Antalaha a permis d’approcher la toxine en cause qui pourrait être la palytoxine. Le vivaneau cramoisi (Lutjanus erythropterus, Lutjanidae) donne un tableau clinique qui pourrait évoquer la ciguatera. Dans ces intoxications par poisson, aucun des tableaux cliniques n’a été
évocateur d’intoxication de type scombroïde.
Les intoxications après consommation de mollusques sont rares. Les tableaux cliniques peuvent évoquer la présence de toxines de type saxitoxine et de type lyngbiatoxine.