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Situation épidémiologique actuelle de la cysticercose à Madagascar
Liée au péril fécal, la cysticercose se contracte lors de l’ingestion d’oeufs de ver solitaire (Taenia solium) contaminant les aliments ou par autoinfestation par les mains sales. Ces oeufs vont se transformer en larves appelées cysticerques (Cysticercus cellulosae). La cysticercose demeure fréquente dans de nombreux pays en développement, en particulier à Madagascar, où persistent des conditions d’hygiène défectueuse. Pour déterminer l’importance de cette parasitose dans la pathologie malgache, deux tests immunologiques pouvant être appliqués à de grandes séries ont été développés : un test de dépistage (ELISA) et un test de confirmation (EITB ou Enzyme-linked ImmunoelectroTransfer Blot). Un profil de reconnaissance montrant en EITB les bandes hautement spécifiques de 13 et/ou 14 kDa est lié
à la forme active (vésicule) des cysticerques, seule forme pouvant réellement justifier l’utilisation d’un cestocide. Ces bandes sont absentes dans les formes transitionnelles (kystes) et calcifiées.
Des études séroépidémiologiques réalisées dans diverses provinces de Madagascar entre 1994 et 1999, et portant sur un total de 4 375 sérums, montrent que la cysticercose est une affection fréquente à travers l’Ile. Les résultats des tests immunologiques indiquent en effet une séroprévalence de la cysticercose active variant de 7 à 21% : inférieure à 10% dans les régions côtières (Mahajanga et Toamasina) et plus élevée jusqu’à 20% dans les régions centrales de l’Ile (Ihosy, Ambositra et Mahasolo). La cysticercose peut toucher les sujets de tous les âges. Elle est généralement plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Elle est présente tant en milieu urbain que rural. La prévalence nationale de la cysticercose active peut être estimée à environ 10%, indiquant une forte endémicité qui place Madagascar parmi les pays les plus touchés dans le monde.
Cette étude confirme que la cysticercose constitue un problème de santé publique à Madagascar. Elle met en exergue la nécessité de la mise en route rapide d’un programme national de lutte contre la cysticercose et le taeniasis.