Dans le cadre de la surveillance de l’évolution de la chimiorésistance de Plasmodium falciparum à la chloroquine à Madagascar, une étude couplée in vivo/in vitro a été réalisée à Sainte Marie, île située à 6 km de la côte Est du pays. Des malades suspects de paludisme et répondant aux critères d’inclusion ont été recrutés dans deux dispensaires de cette île. Le protocole sur 14 jours de l’Organisation Mondiale de la Santé a été appliqué. Tous les sujets ont reçu la dose recommandée de chloroquine (25mg base/kg en 3 jours) en administration supervisée. La parasitémie et les symptômes ont été suivis pendant 14 jours. Les résultats in vivo portent sur 62 patients suivis jusqu’à J14. 80,6% d’entre eux ont répondu favorablement au traitement appliqué. Les échecs thérapeutiques précoces et tardifs sont respectivement au nombre de 3 (4,9%) et 9 (14,5%). Le traitement des échecs à la chloroquine par la sulfadoxinepyriméthamine a été efficace. La chloroquine reste néanmoins effective dans le traitement des accès simples à P. falciparum en première intention. De même, la préconisation de la sulfadoxinepyriméthamine en seconde ligne reste d’actualité. In vitro, 4 résistances à la chloroquine (14,8%) sur 27 isolats et 1 résistance à la méfloquine (4%) sur 25 isolats de ces patients ont été enregistrées. Aucune résistance à la quinine ni à l’amodiaquine n’a été observée. Ainsi, la quinine, l’amodiaquine ou la méfloquine peuvent relayer la chloroquine en cas de contreindication.
Néanmoins, le taux des échecs thérapeutiques à la chloroquine rapporté dans cette étude souligne la nécessité et l’importance d’une évaluation de l’efficacité des antipaludiques, afin de pouvoir développer une politique nationale rationnelle dans la lutte contre le paludisme.