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Rapport d’activités 2017
Au 31 décembre 2017, l’IPM comptait 597 personnes dont 97% de nationalité malgache. Parmi elles, 24 sont des chercheurs statutaires nationaux, et, plus de 30 médecins, pharmaciens ou ingénieurs, ont une activité dans le domaine de la recherche. Parmi les expatriés, cinq sont des experts techniques internationaux (ETI) du Ministère français de l’Europe et des affaires étrangères, un est un ETI d’Expertise-France, quatre sont du personnel mis à disposition par l’Institut Pasteur à Paris, et deux sont des chercheurs du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
L’objectif de l’IPM est de contribuer à la prévention et au traitement des maladies et au développement économique par des activités de recherche, de formation et de santé publique. Ses missions s’articulent autour de quatre axes : recherche, santé publique, services et formation.
Les principales thématiques de recherche concernent différents problèmes de santé publique à Madagascar et dans l’Océan Indien (peste, paludisme, tuberculose, arboviroses, poliomyélite, grippe, schistosomiases…).
En 2017, 68 projets de recherche ont été mis en oeuvre par les équipes de l’IPM et les activités de recherche ont été valorisées par 49 articles publiés par des scientifiques affiliés à l’IPM dans des revues internationales référencées à comité de lecture dont 32 en tant que premier ou dernier auteur.
Simultanément à leurs activités de recherche, les laboratoires sont engagés dans des activités de santé publique à travers les 10 centres de référence qu’ils hébergent :
– le Centre collaborateur OMS pour la peste ;
– reconnus par l’OMS, le centre national de référence pour la grippe et les laboratoires nationaux de référence pour (i) la poliomyélite, (ii) et pour – la rougeole et la rubéole ;
– les centres nationaux de référence pour (i) le choléra, les salmonelles et les shigelles, et (ii) les mycobactéries ;
– les laboratoires nationaux de référence pour (i) les arbovirus et virus des fièvres hémorragiques, (ii) la rage, (iii) l’analyse des eaux dans les industries agro-alimentaires et de contrôle des denrées animales ou d’origine animale
– le Centre biologique national de référence de la surveillance aux antibiotiques (CBNR-AMR).
L’IPM a la particularité d’héberger 3 structures du Ministère de la santé publique : le Centre national de référence des mycobactéries, le Laboratoire central de la peste, le Laboratoire central de la bilharziose.
Enfin l’IPM, toujours dans le domaine de la santé publique, assure gratuitement la prise en charge antirabique dans son Centre de traitement antirabique à Antananarivo et l’approvisionnement en vaccin antirabique des 30 centres antirabiques du Ministère de la santé publique.
L’IPM propose également des activités de services au bénéfice de la population à travers : le Centre de biologie clinique qui est ouvert, depuis octobre 2017, 24h/24 et 7j/7, le laboratoire d’hygiène des aliments et de l’environnement qui est le seul laboratoire de ce type à Madagascar accrédité par le Comité français d’accréditation pour la microbiologie des aliments et le centre de vaccinations internationales.
L’IPM mène de nombreuses activités de formation en participant à différents enseignements délivrés par les Universités d’Antananarivo (faculté de médecine et de pharmacie, faculté des sciences) et de Toliara et en accueillant de nombreux stagiaires dont 25 thésards en sciences.
Faits marquants de l’année 2017
3ème réunion du Conseil scientifique du 15 au 17 mai 2017
La 3ème réunion du Conseil scientifique de l’Institut Pasteur de Madagascar s’est tenue du 15 au 17 mai 2017. Ce conseil est composé de six membres : Robin BAILEY (LSHTM), Simon CAUCHEMEZ, (Institut Pasteur, Paris), Didier FONTENILLE (Institut Pasteur du Cambodge), Antoine GESSAIN (Institut Pasteur, Paris), Jean de Dieu Marie RAKOTOMANGA (Université d’Antananarivo), Michel RATSIMBASON (Centre National d’Application de Recherches Pharmaceutiques, Antananarivo). Il a pour mission de renforcer le développement scientifique de l’IPM et d’accompagner l’élaboration et la mise en oeuvre de nouvelles stratégies scientifiques. Il a pris en compte les évolutions depuis le dernier Conseil et a noté que même si des efforts restaient à faire la situation était très encourageante.
Parmi les recommandations citons :
– la suggestion de réunir l’Unité d’épidémiologie et l’Unité de réalisation des études cliniques compte tenu des risques de doublons de certaines fonctions.
– l’attention particulière à porter aux étudiants en thèse effectuant leur stage à l’IPM : sélection, encadrement, nombre…
Un 10ème centre national de référence à l’IPM : le CBNR-AMR (13 mai 2017)
Par arrêté n°142/MSANP du 13 mai 2017, l’IPM a été désigné par le Ministère de la santé publique malagasy, Centre biologique national de référence de la surveillance aux antibiotiques (CBNR-AMR) du réseau de surveillance de la résistance aux antibiotiques.
Trois laboratoires de l’IPM sont impliqués dans ce CBNR : le Centre de biologie clinique, le Laboratoire hygiène des aliments et de l’environnement, et l’Unité de bactériologie expérimentale.
Cette initiative s’inscrit dans la démarche de participation du Ministère au « Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens ou Global Antimicrobial Resistance Surveillance System (GLASS) ».
Epidémie de peste à Madagascar
De la fin du mois d’août au 26 novembre 2017 date de proclamation de sa fin officielle par les autorités, une importante épidémie de peste a sévi à Madagascar (2414 notifiés). Cette épidémie avait deux caractéristiques essentielles par rapport aux cas habituellement recensés durant la saison pesteuse qui sévit d’octobre à avril :
– une prédominance des formes pulmonaires par rapport aux formes buboniques
– le lieu de survenue : bien que multifocale, la grande majorité des cas ont été notifiés en zone urbaine à Antananarivo, la capitale, et à Tamatave, le principal port du pays.
L’IPM s’est particulièrement mobilisé durant cette épidémie et a travaillé en étroite collaboration avec le Ministère de la santé publique.
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– L’Unité peste a réalisé l’ensemble des diagnostics biologiques pour tous les cas notifiés parvenus au laboratoire (>98% de l’ensemble des cas). La surveillance de la sensibilité aux antibiotiques utilisés dans le cadre du Programme national a été effectuée sur toutes les souches isolées. L’ensemble des activités de laboratoire a été possible grâce à un appui technique de l’IP à Paris et à un appui financier important de l’USAID.
– Du 7 octobre au 29 novembre, l’IPM a bénéficié d’un renfort important de l’Institut Pasteur (Paris). Treize scientifiques ou techniciens provenant de différentes entités : Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU), Unité de modélisation des épidémies, Unité environnement et risques infectieux, Unité d’épidémiologie des maladies émergentes – CGH, Unité de recherche Yersinia, Unité de génétique moléculaire des virus à ARN se sont ainsi succédés pour un total de 178 jours de mission.
– L’Unité d’épidémiologie a assuré, en collaboration avec la Direction de la veille sanitaire et de la surveillance épidémiologique du Ministère de la santé publique, la collecte, la vérification, la saisie des fiches de déclaration. Durant l’épidémie, une base de données à jour des données épidémiologiques et biologiques a pu ainsi être adressée chaque soir au Ministère de la santé publique.
– Une participation des chercheurs de l’IPM et de la Direction à la Cellule de coordination des activités et aux différentes commissions créées par le Ministère pour organiser la réponse.
– L’IPM a produit des tests de diagnostic rapide grâce à un financement de l’OMS. Ainsi, durant cette épidémie à aucun moment l’IPM n’a été en rupture de stock de bandelette et a pu mettre à disposition plus de 5500 tests de diagnostic rapide aux autorités de santé publique.
– L’IPM a participé à une étude clinique des cas de peste initiée par le CHU Joseph Raseta Befelatanana (Pr Mamy Randria), en collaboration avec l’Université d’Oxford.
– Enfin, dans le cadre de cette épidémie de peste, l’IPM a reçu le 10 octobre la visite de son Excellence, Monsieur le Président de la République M. Hery Rajaonarimampianina accompagné de Monsieur le Ministre de la santé Publique, le Pr Mamy Lalatiana Andriamanarivo.
Deuxièmes journées d’entomologie médicale : l’Unité d’entomologie médicale a fêté ses 30 ans
Les deuxièmes journées d’entomologie médicale de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) ont été organisées du 08 au 10 août 2017.
Ces journées ont été l’occasion de conférences introductives de la part des deux derniers responsables de l’unité (M. Sébastien Boyer et M. Romain Girod) et ont permis à trois étudiants malgaches de l’Université d’Antananarivo de soutenir leur thèse en entomologie dont les travaux avaient été menés et encadrés à l’Institut.
Laboratoire des micropolluants au Laboratoire d’Hygiène des aliments et de l’environnement (LHAE)
En 2016, l’IPM avait initié un projet avec le Ministère auprès de la Présidence en charge de l’Agriculture et de l’Elevage. Ce projet financé par la Banque Mondiale et l’Union Européenne (pour la part formation) visait à mettre en place un laboratoire permettant la détection des micropolluants organiques tels que les insecticides, les fongicides, les antibiotiques… Ce laboratoire, une fois fonctionnel, participera au développement économique de Madagascar en facilitant les exportations des denrées alimentaires et sera utile à la santé des populations en permettant de détecter les aliments dangereux. En 2017, Un premier appel d’offre a été lancé mais a été déclaré infructueux par le Ministère. Un nouvel appel d’offre sera lancé au cours du premier semestre 2018.
Finances de l’Institut
Après 3 années de résultats négatifs (-22 614 € en 2014, -324 108 € en 2015, -126 271 € en 2016), le résultat de l’année 2017 est positif : +8 907€. Ce résultat faiblement positif est grevé par une nouvelle manière de prendre en compte les subventions de recherche pluriannuelles. La situation reste cependant fragile et la vigilance toujours de mise.
Le modèle économique de notre Institut, trop tributaire de ses recettes sur fonds propres, doit être diversifié. Des financements complémentaires doivent être recherchés pour assurer la pérennisation de nos missions. Notre Institut a besoin plus que jamais de l’engagement de l’Etat malgache, de son appui et son soutien financier peut-être au-delà même de celui prévu par certaines dispositions de la convention de 1961.
Pour conclure
Comme le démontrent les pages qui suivent, L’Institut Pasteur de Madagascar a prouvé une nouvelle fois, en 2017 son engagement et son efficacité dans la lutte contre les maladies infectieuses au profit de la protection de la santé des populations de Madagascar toujours en collaboration étroite avec le Ministère de la Santé Publique.
Ce rapport qui relate les activités de l’année 2017 est rédigé en 2018, année au cours de laquelle l’Institut prochaine célébrera ses 120 ans de présence à Madagascar.
Cet évènement donnera l’occasion de mettre en lumière le rôle important de notre Institut au sein du dispositif de santé publique et de recherche à Madagascar.