En termes d’organisation, l’IPM a connu plusieurs restructurations en 2014. Pour des raisons de pratiques, de qualité et de production scientifique, l’Unité d’immunologie a été dissoute et fusionnée avec l’Unité d’immunologie du paludisme pour former une Unité d’immunologie des maladies infectieuses. Cette réorganisation a été l’occasion d’un renforcement des bonnes pratiques de laboratoire et de l’encadrement des étudiants, et d’une meilleure focalisation des recherches sur des sujets pertinents et prioritaires, conformément aux recommandations du conseil scientifique. Les engagements pris seront cependant globalement respectés, alourdissant la tâche du responsable de la nouvelle unité. Le laboratoire d’épidémio-surveillance des maladies des crevettes (LES) avait été créé pour répondre à une demande des autorités et du groupement des éleveurs et pêcheurs de crevettes. Les commandes des autorités et des acteurs économiques n’ont jamais été au niveau de ce qui était prévu dans
les contrats et accords, empêchant ce laboratoire d’atteindre l’équilibre financier. Par ailleurs, les autorités et les acteurs de la filière n’ont pas soutenu le laboratoire comme il aurait pu ou dû l’être lorsque la maladie du « White spot » est apparu à Madagascar. Pour ces raisons, en attendant d’arrêter éventuellement son activité, le LES a été intégré au laboratoire d’hygiène des aliments et de l’environnement (LHAE). Cela a permis à l’emploi des locaux et des équipements d’être mieux rationalisé, et au personnel du LES de retrouver un niveau
d’activité suffisant pour maintenir et développer ses compétences.
En 2014, l’IPM a commencé à accueillir une équipe de l’agence « SoftPower Solutions » pour
mettre sur pied et professionnaliser ses fonctions de communication interne et externe.
En septembre 2014, l’IPM s’est doté d’un spectromètre de masse MALDI-TOF Microflex® Bruker™ pour le diagnostic microbiologique. Il permet d’améliorer la rapidité et la qualité du diagnostic, et d’en diminuer le coût. Par cet équipement, l’IPM entre de plein pied dans la microbiologie du XXIème siècle avec une technologie qui est rare dans l’Océan indien et en Afrique subsaharienne ; moins de quatre équipements de ce type sont actuellement utilisés dans ces zones. Au-delà du diagnostic microbiologique médical ou environnemental et alimentaire, cet appareil pourra être utilisé en mycologie, virologie et entomologie.
En termes de santé publique, l’IPM a continué à être une référence pour les autorités sanitaires nationales et internationales. L’apport de l’IPM est important sur les plans d’expertise scientifique et technique, mais aussi en forces d’actions directes dans les populations. Fin décembre 2013 et au début de l’année 2014, jusqu’à cinq foyers distincts de peste ont fait l’objet d’interventions majeures de l’IPM. La létalité élevée observée au cours
de ces épidémies témoigne de la difficulté du système de santé à prévenir, détecter et traiter à temps les cas de peste, et à intervenir efficacement sur le terrain. Dans ce contexte particulièrement difficile pour le pays et les populations, l’IPM a joué un rôle de premier plan, bien au-delà de son rôle de conseiller, s’investissant lourdement dans la lutte sur le terrain, que ce soit pour la recherche active des cas en faisant du porte à porte, le diagnostic, le traitement et la coordination des interventions. Cette action qui n’a pas été médiatisée a
permis d’éviter que l’impact des épidémies soit le plus limité possible, et qu’elles ne débordent pas sur les grands centres urbains. Elle n’a peut-être pas été appréciée à sa juste valeur. Plus généralement, bien que l’expertise et les capacités de l’IPM soient appréciées par le Ministère de la santé comme par ses partenaires techniques et financiers, l’IPM ne reçoit en retour, le plus souvent, qu’un soutien très en deçà de son engagement. Cela peut en partie être expliqué par la crise économique et sociale que traverse Madagascar, et n’est pas sans questionner la durabilité du niveau d’engagement de l’IPM que ses moyens propres lui permettent de plus en plus difficilement d’assurer.
Sur le plan scientifique, l’année 2014 a été marquée par le développement ou la continuation de nombreux programmes de recherche dont les fiches descriptives constituent l’essentiel du présent rapport. Il s’agit de plus en plus souvent d’études de grande ampleur, c’est par exemple le cas du projet PALEVALUT sur cinq pays (Madagascar, Bénin, Cameroun, Niger et Côte d’Ivoire) piloté par l’IPM au sujet de l’efficacité des mesures de lutte contre le paludisme et de ses déterminants, de l’étude ZORA qui continue à explorer les zoonoses à
Madagascar, ou le projet « PAUSENS » d’évaluation de la prévalence de la bilharziose, des géo-helminthiases et de la filariose, ainsi que de l’efficacité de la stratégie de lutte actuellement déployée.
En 2014, le personnel de l’IPM a publié 48 articles dans des revues scientifiques référencées, à comité de lecture. Le nombre et la qualité des publications de l’IPM continuent à augmenter d’années en années.
Pour mener ses travaux, l’IPM obtient ses moyens d’une part de son activité économique (Centre de biologie clinique, LHAE, centre international de vaccination) et d’autre part de contrats ou de subventions de recherche. Entre 2011 et 2014, les moyens mis en œuvre par l’IPM pour ses travaux sur projet ont doublé. Parmi ses bailleurs de fonds, ce sont les institutions américaines et françaises qui soutiennent le plus l’IPM. Que tous ses bailleurs soient ici tous remerciés de leur soutien.
Enfin, l’IPM continue à assurer sa mission de formation. Au-delà des nombreux cours qui sont organisés à l’IPM ou auxquels du personnel de l’IPM participe à l’Université, le nombre de stagiaires accueillis à l’IPM est resté élevé, plus de 140 en 2014, dont plus d’une soixantaine en troisième cycle d’études universitaires (thèses, master-DEA et internat).