Chez l’enfant, la tuberculose est de toute évidence la conséquence d’une primo-infection par Mycobacterium tuberculosis. A Madagascar, pays à forte incidence de tuberculose, la plupart des individus s’infectent dans l’enfance.
Des souches BK isolées chez des enfants tuberculeux âgés de moins de 10 ans à Antananarivo ont été étudiées pour : i) évaluer la résistance primaire vraie des BK aux antituberculeux et ii) déterminer les variants génétiques responsables des infections récentes dans la population.
De 1997 à 2000, 2 358 prélèvements d’enfants de 0 à 10 ans, provenant de différents services pédiatriques d’Antananarivo, ont été mis systématiquement en culture : 141 souches (5,9% des prélèvements) ont été isolées de 97 enfants (67 tuberculoses pulmonaires et 30 extra-pulmonaires).
A l’exception d’une seule souche résistante à l’isoniazide, toutes les autres souches sont sensibles aux 4 antibiotiques testés (Streptomycine, Isoniazide, Rifampicine, Ethambutol). Ces résultats confirment le faible taux de résistance primaire observé à Antananarivo lors des deux enquêtes réalisées chez les adultes en 1994-1995, puis en 1999-2000.
Les souches de 69 enfants dépistés en 1997-2000 ont été typées avec le marqueur génétique IS6110. Cinquante-trois souches ont pu être classées en 15 familles de 2 à 9 souches ressemblantes (profils IS6110 identiques ou très proches). Les familles les plus fréquentes correspondent, soit à des souches circulant plus activement pendant la période antérieure de 10 ans, soit à des souches anciennes se maintenant en permanence dans la population. Certaines familles de souches de 1997-2000 avaient déjà été observées en 1994-1995. C’est le cas par exemple des souches à une copie IS6110 retrouvées chez 14,6% des souches d’enfants; ce type de souche pourrait correspondre, comme décrit dans la littérature, à une famille ancestrale. Par contre, 4 familles de souches (21,3% des souches de 1994-1995) semblent ne pas ou peu circuler en 1997-2000.
Le taux de résistance de M. tuberculosis aux antibiotiques étant faible à Madagascar, on ne peut pas expliquer le maintien ou la disparition de certains variants par une différence dans la sensibilité des souches aux antibiotiques, mais plutôt par une différence dans la virulence des souches.