Ile située en zone tropicale, Madagascar n’est pas à l’abri des cataclysmes naturels, en particulier des cyclones. La côte Est du pays où la transmission du paludisme est pérenne, est la plus exposée à ces intempéries. Peu d’études concernant le paludisme ont été réalisées dans cette zone et aucune sur les relations potentielles paludisme/cataclysmes naturels. Dans cette optique, une étude de six semaines a été effectuée sur place par une équipe mobile de l’Institut Pasteur de Madagascar.
Trois approches ont été réalisées : entomologique par capture de moustiques suivie d’une détermination des espèces collectées ; thérapeutique testant la chloroquine (CQ) et la sulfadoxinepyriméthamine (SP), les deux antimalariques préconisés par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et appliquant le protocole de 14 jours de suivi de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Une comparaison entre le diagnostic porté par le médecin traitant et l’examen parasitologique a été également réalisée. Chaque médecin a été prié de poser un diagnostic clinique à tout malade fébrile et les résultats ont été comparés à ceux de l’examen microscopique.
Trois principaux vecteurs ont été retrouvés : Anopheles gambiae s.s., An. funestus et An. mascarensis. Le diagnostic présomptif du paludisme, basé sur les seuls signes cliniques, conduit à une surestimation de la prévalence du paludisme. Près de 68 % (102/149) des patients fébriles ont été étiquetés paludisme par les médecins traitants alors que seuls 52 (34,9 %) d’entre eux ont été retrouvés positifs à la microscopie. Sur les 47 patients diagnostiqués cliniquement comme n’étant pas du paludisme, 12 (25,5 %) se sont avérés positifs. La SP a enregistrée une efficacité à 100 % (n = 13) tandis qu’un échec thérapeutique a été observé pour la CQ (1/15). Le traitement des accès palustres simples par la SP en première intention est ainsi justifiée en cas de situation d’urgence, notamment devant une “ poussée épidémique ” de paludisme au décours des cyclones par exemple.