Une investigation épidémiologique conjointe (Ministère de la Santé/Institut Pasteur de Madagascar) a été menée en juillet 2002, dans deux districts d’une même province (Fianarantsoa : Fianarantsoa II et Ikongo ) face à la fréquence anormale de survenue de décès dans un tableau d’infection respiratoire aiguë (IRA).
Les données de morbidité et de mortalité ont été collectées au niveau du Centre de Santé de Base (CSB) ayant motivé la première alerte (village de Sahafata, district de Fianarantsoa II). L’exploitation des rapports mensuels d’activité (RMA) a permis le calcul des taux d’incidence et leur analyse. Les données virologiques ont été obtenues par analyse des prélèvements nasopharyngés réalisés lors des deux missions.
La symptomatologie clinique et l’homogénéité des résultats de laboratoire permettent de rattacher indiscutablement l’origine de ces épisodes épidémiques à la circulation d’un virus grippal de type A et de sous type H3N2. Les taux d’attaque relevés sont exceptionnels. La létalité était significativement plus élevée pour les sujets de moins de 1 an et de 65 ans et plus. Ces données sont confirmées par les enquêtes postérieures des équipes OMS/Ministère de la Santé.
L’ampleur de l’épidémie paraît surprenante compte tenu du virus en cause et certaines hypothèses pourraient expliquer ce constat : isolement prolongé puis réouverture de certaines zones à l’égard de la circulation du virus, statut nutritionnel.
Conclusion : Les épisodes épidémiques d’infections respiratoires aiguës à Madagascar investigués en juillet 2002 étaient dus à un virus A (H3N2) sans caractéristiques génotypiques ni phénotypiques particulières. Divers facteurs peuvent avoir expliqué l’ampleur de l’épidémie et la létalité élevée constatée dans certains groupes d’âge. Ce contexte épidémique illustre la relative impuissance d’un pays en développement face à la gestion d’une épidémie de grippe due à un virus grippal classique.