Contexte et justification
La plupart des maladies émergentes dans le monde sont celles véhiculées par les animaux dont les animaux sauvages constituent les réservoirs importants. L’accroissement en effectif de ces derniers forme une menace pour la prolifération des maladies zoonotiques. Les rongeurs se trouvent au premier rang de ces réservoirs. Leur caractère commensal avec une large distribution facilite le transfert des maladies entre eux et autres espèces sauvages, le bétail et les humains. Les contaminations des maladies zoonotiques sont plus menaçantes dans les pays en voie de développement où beaucoup de cas ne sont pas déclarés. La vulnérabilité de la population à ces maladies est influencée par des facteurs environnementaux et socio-économiques. Le changement climatique et l’exploitation des nouveaux terrains peuvent changer les risques d’infection. Les relations entre les différents facteurs socio-environnementaux et le risque de maladie zoonotique sont encore mal connues, en particulier à l’échelle locale. Ce projet permettra d’examiner comment les facteurs socio-environnementaux contribuent au risque de zoonoses des rongeurs à Madagascar. Le projet traitera 4 pathogènes véhiculés par les rongeurs dont Yersinia pestis, Leptospira sp, Hantavirus et Rickettsia.
Objectifs
- Déterminer comment le climat, l’habitat et le paysage affectent la dynamique hôte-pathogène dans les populations de rongeurs en tenant compte de toute une gamme de pathogènes à différentes voies de transmission ;
- Evaluer l’importance relative des facteurs environnementaux et socio-économiques pour le risque d’exposition humaine à ces pathogènes ;
- Développer des modèles spatiaux pour identifier les populations à haut risque.
Méthodes
L’étude de la dynamique de l’infection au niveau des petits mammifères a fait l’objet d’échantillonnage dans différents types d’habitat (forêt, « savoka », village) avec l’autorisation du Ministère de l’eau et forêt (Réf 327/15/MEEF/SG/DGF/DATP/SCBT du 10/12/2015). L’exposition chez l’homme a été déterminée par l’administration de questionnaire (détermination des facteurs de risque) et la collection d’échantillons de sang (détection des marqueurs de l’infection). Ce volet a reçu l’autorisation du Comité d’Ethique (Réf 49/MSAN/CE du 03/07/2012). Pour ces deux volets, des suivis transversaux (sur 17 sites) et longitudinaux (sur 3 autres sites) ont été effectués dans 4 communes du district de Moramanga.
Résultats et discussion
Une circulation à bas bruit de ces zoonoses a été déterminée chez les rongeurs du district de Moramanga. Pour le typhus murin, les résultats préliminaires pour un site sentinelle ont montré que 24% des Xenopsylla cheopis prélevées (n=107) sur les rongeurs se sont révélées positives à Rickettsia typhi et 2% positives à R. felis. Sur les puces libres, Pulex irritans, 31% ont été détectées positives à R. felis (n=26). Les résultats préliminaires de la recherche d’anticorps anti-Rickettsies dans les sérums de rongeurs ont montré une séroprévalence de 2% d’IgG dirigées contre les Rickettsies du groupe typhus (n=84). Ces résultats nous ont montré l’importance de l’infection rickettsienne dans la population de puces à Madagascar.
Impact
Amélioration de la prévention de ces zoonoses grâce à l’amélioration du niveau de connaissance des facteurs de risque.