Contexte et justification
La prévalence du portage du virus de l’Hépatite B à Madagascar a été récemment estimée à 7,9%. Le virus de l’hépatite B peut conduire au portage chronique et entrainer une cirrhose qui est un facteur de risque d’évolution vers le cancer hépatocellulaire. L’absence de registre de déclaration de maladies et le relevé systématique de causes de décès ne permettent pas d’évaluer la part de l’infection dans le développement des maladies chroniques hépatiques.
Objectifs
Cette étude se propose de collecter les données épidémiologiques et virologiques sur les hépatites virales afin de répondre aux objectifs suivants :
- évaluer le poids de la maladie en relation avec l’infection par les virus des hépatites à Madagascar ;
- décrire les génotypes des virus de l’hépatite B circulant à Madagascar ;
- retracer l’histoire de l’introduction et de la circulation des virus de l’hépatite B à Madagascar.
- MéthodesSérothèque humaine
Méthodes
Sérothèque humaine
Durant notre étude, nous avons utilisé la sérothèque provenant d’une campagne de prélèvements, qui a débuté en novembre 2011 et s’est terminée à la fin du mois d’avril 2013 dans le cadre du projet ZORA. Cette étude a reçu l’autorisation du comité d’éthique national (Autorisation n° 066 – MSANP/CE du 26 juillet 2011).
Analyses virologiques
Une partie du génome viral a été analysée dans le but de décrire l’aspect phylogéographique de la circulation du virus de l’hépatite B à Madagascar et les éventuels liens avec les autres souches de différentes origines géographiques.
Analyses phylogénétiques
Des analyses phylogénétiques du gène preS/S ont été effectuées afin de caractériser des différents génotypes et de retracer l’origine du génotype E circulant à Madagascar.
Etude cas-témoin
Une étude cas-témoin, en collaboration avec le service d’Hépato-gastro-entérologie et du service des maladies infectieuses a été menée afin d’évaluer la part attribuable aux infections par les virus des hépatites dans les maladies chroniques du foie.
Résultats et discussion
Trois génotypes circulent à Madagascar. Le génotype E prédomine (79%), suivi des génotypes D7 (12%), D2(3%) et du génotype A1(3%). L’analyse des flux de gènes a montré l’importance des zones rurales reculées comme source d’infection pour les zones suburbaines. Malgré l’importance de l’alcoolisme dans le développement des maladies hépatiques à Madagascar, l’élimination de l’infection par le virus de l’hépatite B préviendrait 41,2% de ces maladies hépatiques.
Impact
Ces nouvelles estimations ainsi que la description du profil général de l’épidémiologie et de la transmission du virus de l’hépatite B à Madagascar peuvent apporter des informations importantes auprès des autorités de santé publique afin de réviser et d’adapter les programmes de lutte contre les infections et d’adopter d’autres moyen de lutte tels que l’introduction de la dose de vaccination anti-hépatite B à la naissance et la mise en place de traitement accessible à la population rurale vulnérable.