L’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) et le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP, Ministère de la Santé Publique) ont organisé, vendredi 2 juin au Radisson Blu Hotel d’Antananarivo Waterfront, la réunion de restitution des résultats de l’étude sur l’extension de la prise en charge communautaire du paludisme à tout âge ou mCCM « Malaria Community Case Management ». Ce projet est le fruit d’une étroite collaboration entre le Ministère de la Santé Publique à travers le PNLP, la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de la région Atsimo Atsinanana, le service du district de la santé publique (SDSP) de Farafangana, l’IPM, les CDC d’Atlanta (Centers for Disease Control and Prevention), l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) et les partenaires opérationnels InterAide, IMPACT et ACCESS. Cette étude s’est déroulée dans le cadre du Projet RISE (Recherche, Innovation, Surveillance et Evaluation), financé par l’Initiative Présidentielle des Etats-Unis contre le Paludisme (PMI-USAID).
La prise en charge des cas de paludisme par les agents communautaires (AC) chez les moins de 5 ans est déjà effective à Madagascar depuis 2010. Pour réduire la morbidité et la mortalité liées au paludisme, le PNLP dans son plan stratégique 2018-2022, a prévu d’étendre cette prise en charge communautaire à tout âge. Pour évaluer l’efficacité et la faisabilité d’une telle stratégie, l’IPM a appuyé le Ministère de la Santé Publique dans la réalisation de l’étude mCCM.
Cette étude pilote, sur l’extension de la prise en charge communautaire des cas de paludisme non compliqué à tout âge a été réalisée dans le district de Farafangana, région d’Atsimo Atsinanana, avec la participation des 502 agents communautaires (AC) de 30 centres de santé de base (CSBs) dans 28 communes du district. Ces AC ont bénéficié de 2 séances de formation avant la mise en œuvre de l’intervention. Les 30 centres de santé de base ont été divisés en deux groupes : 15 CSBs dans lesquelles les AC de leur zone d’intervention pratiquent la prise en charge du paludisme seulement pour les enfants de moins de 5 ans (selon la politique communautaire en cours) et 15 autres CSBs dans lesquels les AC ont pris en charge le paludisme pour les individus de tous les âges. L’étude s’est déroulée d’octobre 2019 à décembre 2021 et des enquêtes ont été menées avant et à la fin de l’intervention pour comparer les résultats de ces deux groupes. Cela a permis de collecter des indicateurs permettant de déterminer l’efficacité, l’acceptabilité et la faisabilité de l’intervention.
La restitution des résultats finaux, organisée sur une demi-journée, a permis aux équipes investigatrices de l’étude mCCM de présenter les résultats de l’étude. Comme l’a expliqué le Dr Andrès GARCHITORENA, co-investigateur principal de l’étude, l’intervention a fonctionné comme prévu : « A partir du moment où on a mis en place l’intervention, la consultation communautaire a augmenté. Cette augmentation a été immédiate et durable. » Elle a donc permis d’améliorer significativement le recours aux soins et la prise en charge communautaire par les AC. Cela s’est vu en particulier dans les groupes d’âges concernés par l’extension et pour les populations enclavées. Le volet qualitatif de l’étude a, quant à lui, démontré l’acceptabilité de l’intervention par les différents bénéficiaires, notamment les personnels soignants, les AC et les membres de la communauté. Cette acceptabilité est due notamment au fait que l’intervention soit en continuité avec les pratiques existantes, ainsi qu’à ses effets positifs directement perçus par les bénéficiaires.
Ensuite, l’équipe du Ministère de la Santé Publique a présenté l’avancement de la mise à l’échelle de la prise en charge communautaire du paludisme non compliqué à tout âge. « La stratégie de proximité par l’extension de prise en charge non compliquée est envisageable à étendre dans les zones reculées, difficiles d’accès et loin des centres de santé, a expliqué une représentante du PNLP. Le défi à relever reste la coordination de tous les partenaires techniques et financiers pour pérenniser cette approche. Les AC engagés sauvent des vies, leur motivation dans le cadre légal serait primordiale. »
Ces présentations ont été suivies d’une table ronde qui a permis à tous les participants d’apporter des suggestions qui pourront aider le Ministère de la Santé Publique à identifier les défis et les solutions pour le développement de cette nouvelle stratégie de lutte contre le paludisme.
« Nous avons pu découvrir les résultats de l’extension de la prise en charge du paludisme au niveau communautaire », a déclaré un responsable de la lutte contre le Paludisme dans le district de Farafangana à l’issue de la réunion de restitution. « Un des principaux problèmes soulevés était la question des intrants. Il faudrait trouver une solution pour l’approvisionnement au niveau des CSB et surtout des agents communautaires ».
Une assistante du programme santé à Inter Aide à Farafangana s’est également exprimée : « Suite à cette matinée, j’ai retenu trois choses importantes. Les résultats partagés étaient satisfaisants. Cela a montré qu’il y avait des utilités au niveau communautaire par rapport à la lutte contre le paludisme. Il y avait aussi des impacts dans la communauté. Cela rejoint l’objectif d’Inter Aide : réduire la mortalité infantile notamment à cause du paludisme. La deuxième chose est par rapport à l’envie d’étendre la prise en charge. Troisième chose : la participation massive de tous les acteurs notamment au niveau du ministère qui avait des propositions par rapport aux engagements sur la disponibilité des intrants, par rapport aussi à l’amélioration des outils de gestion et des suivis sur les prochaines activités de cette mise en échelle. Cela nous permet de voir déjà la suite. »
Découvrez ici la vidéo du projet mCCM