Rappel des faits :
Le 21 février 2021, une épizootie de Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) a été suspectée dans différents districts de Madagascar. Entre le 22 avril et le 4 mai, une enquête transversale a été menée dans le district de Mananjary par les équipes de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) et le Ministère de la Santé Publique (MinSanP). Le but était de détecter les cas de FVR chez l’homme et étudier la circulation du virus de la fièvre de la Vallée du Rift chez les animaux. Cette enquête a été réalisée à la demande du MinSanP afin de confirmer la circulation de la FVR chez l’homme et soutenir les actions et interventions locales du MinSanP.
Interview :
Pouvez-vous nous en dire davantage sur le travail collaboratif qu’il y a eu avec les équipes du Ministère de la Santé Publique (Direction de Veille Sanitaire, de Surveillance Epidémiologique et de la Riposte (DVSSER), personnels des centres de santé primaires, agents de santé communautaires et Direction des Services Vétérinaires) ?
Dr Aina : « L’alerte de suspicion d’un cas de décès humain a été faite dans le cadre de la survenue d’une épizootie mais également dans le cadre de la pandémie de COVID-19 ce qui a quelque peu compliqué les choses. La réalisation de l’investigation a été difficile au départ car il fallait obtenir la collaboration de la communauté. L’équipe de la DVSSER a mobilisé l’équipe locale du Ministère de la Santé Publique (allant de la Direction Régionale de santé, en passant par le District et les centres de santé et les agents communautaires). L’équipe vétérinaire du district de Mananjary, les maires, les chefs de fokontany ; tous ont participé afin d’effectuer les sensibilisations auprès de la population. Il fallait également expliquer nos objectifs de recherche autour des personnes qui pourraient être atteintes de FVR. Les signes peuvent en effet être trompeurs au départ. La personne peut présenter une fièvre (commun avec le paludisme, la COVID-19) mais il se peut qu’il y ait des signes spécifiques évocateurs d’hémorragie. L’équipe était là pour aider à la confirmation. »
Expliquez-nous ce qui est ressorti de l’étude que vous avez menée ?
« Une dizaine d’années avant cette investigation, Madagascar a déjà connu une épidémie de FVR avec des conséquences graves et déplorables aussi bien pour les animaux que pour l’homme. Cette investigation a permis de montrer qu’il faut rester vigilant. Le Ministère de la Santé Publique a immédiatement partagé et rappelé aux chefs des CSB le protocole de prise en charge de cas de FVR. »
Dans la conclusion de votre article, vous recommandez une approche « One Health ». Pouvez-vous nous en dire davantage ?
« La surveillance « One Heath » est déjà en place. Le rôle des agents communautaires est d’informer en cas de survenue d’un évènement inhabituel au sein de la communauté. Pour la FVR, l’alerte de ce début d’épizootie a été donnée par un agent communautaire qui a rapporté un nombre d’avortements et décès important chez les bovins. Se met ensuite en place l’envoi de prélèvements pour confirmation au niveau de l’unité de Virologie de l’Institut Pasteur de Madagascar. Les piliers de la surveillance par une approche One Health existent à Madagascar au niveau communautaire avec les agents communautaires, le réseau des vétérinaires, les centres de santé dont certains sont labellisés « CSB-R ». Les donneurs d’alerte sont présents ainsi que la possibilité de faire des confirmations biologiques. Le plus important est de les maintenir fonctionnels et pérennes. Le Ministère poursuit la mise à l’échelle de la surveillance à base communautaire, en ciblant aussi bien le secteur de la santé humaine que celui de la santé animale. »
En quoi et comment vos études ont permis d’améliorer la vie des gens et de la communauté ?
« La présence du laboratoire mobile lors de l’étude a permis d’obtenir les résultats de confirmation alors qu’on était encore sur le terrain. L’équipe de la DVSSER a ainsi pu s’organiser et mettre en place des séances de sensibilisation et de formations des agents communautaires, des chefs de fokontany, des maires et des chefs des CSB, pour la prise en charge des personnes se présentant avec des signes hémorragiques. »
Où en est la surveillance pour la fièvre de la vallée du Rift à Madagascar ?
« La surveillance sanitaire à Madagascar intègre actuellement la surveillance basée sur les évènements au niveau communautaire, c’est-à-dire des agents communautaires et des formations sanitaires. La stratégie de surveillance communautaire utilisant l’application ComCare est disponible au niveau de 34 districts sur les 114 avec une bonne qualité de données (une complétude et une promptitude d’environ 80%). »
Article à découvrir ici
En parallèle, une enquête entomologique a également été menée par l’Institut Pasteur de Madagascar.