Première Plateforme d’Infections des Anophèles par Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax à Madagascar
Anthea RAKOTOARISOA
La mise en place de cette plateforme unique à Madagascar résulte d’un effort conjoint entre le groupe de Catherine Bourgouin (Génétique Fonctionnelle des Maladies Infectieuses- Institut Pasteur à Paris, et visiting scientist à l’Institut Pasteur de Madagascar) et le G4 Malaria Group de l’Institut Pasteur de Madagascar dirigé par Ousmane Ndiath, avec le soutien des Unités Entomologie Médicale, Paludisme, et Immunologie des Maladies Infectieuses de l’Institut Pasteur de Madagascar. Elle permet actuellement la réalisation d’un projet d’analyses des interactions Anopheles gambiae–P. vivax, soutenu par le Labex IBEID et permettra dans un futur proche d’aborder l’analyse de la compétence vectorielle des populations d’Anophèles vecteurs de paludisme à Madagascar.
Analyser la compétence vectorielle des anophèles à transmettre Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax ainsi que les interactions moléculaires Anophèles-Plasmodium nécessite de pouvoir infecter de manière contrôlée les moustiques avec ces parasites. L’Institut Pasteur de Madagascar se situe à Antananarivo sur les hautes terres centrales (de 800 à 1500m d’altitude) où la prévalence du paludisme est globalement faible, rendant difficile la réalisation d’infection expérimentale contrôlée des anophèles avec des isolats circulants de Plasmodium. D’autre part, si la production in vitro des stades infectants de P. falciparum est possible, P. vivax ne se cultive pas encore.
C’est pourquoi il a été décidé d’installer une plateforme d’infection expérimentale des anophèles par Plasmodium dans une zone de moyenne à forte prévalence du paludisme à P. falciparum et P. vivax dans la région Nord-Ouest de Madagascar. La plateforme est hébergée au Centre de Santé de Base de la commune d’Andriba, (district de Maevatanana), à 200 km et 5h de route d’Antananarivo. Ce projet a été initié en Novembre 2015 et les premières infections « de routine » ont été obtenues depuis Janvier 2017. La plateforme fonctionne maintenant de Novembre à Mai pendant la période de transmission du paludisme dans la zone. Sur site, trois espèces d’anophèles sont produites (An. arabiensis, An. mascarensis et An. funestus) par la technique de ponte forcée (Nepomichene et al, 2017).
Gorgement sur membrane (voir illustration) selon la technique dénommée SMFA
Les anophèles femelles sont ensuite gorgées sur du sang de porteurs de gamétocytes de Plasmodium, par gorgement sur membrane (voir illustration) selon la technique dénommée SMFA (Standard Membrane Feeding Assay). Les porteurs de gamétocytes de Plasmodium sont identifiés par dépistage actif des infections plasmodiales chez des élèves des écoles primaires d’Andriba. Ce projet a reçu l’accord du Comité d’éthique auprès du ministère de la santé de Madagascar.
La mise en place de la plateforme et son fonctionnement actuel ont bénéficié d’un soutien financier de l’IPM, du Labex IBEID et de la Direction Internationale en particulier à travers une bourse de thèse Calmette Yersin. (Jessy Marlène Goupeyou Youmsi)