L’analyse des contaminants alimentaires dans les produits agricoles et agro-alimentaires à exporter peut désormais se faire sur le territoire national. Avec l’appui du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), à travers le projet CASEF financé par la Banque mondiale, et de l’Union Européenne à travers le programme PROCOM, l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) dispose d’un Laboratoire des micropolluants au sein de son Laboratoire d’Hygiène des Aliments et de l’Environnement (LHAE).
Capacités d’analyse locales renforcées
L’exportation de produits agricoles et autres produits agro-alimentaires transformés est soumise aux exigences du Commerce international. Faute de capacités locales pour la détection et le dosage de résidus phytosanitaires, les contrôles doivent se dérouler dans les pays d’exportation. Les opérateurs ont subi des pertes financières conséquentes suite à plusieurs cas de refoulement aux frontières et/ou de retrait du circuit de distribution dus au dépassement des limites des résidus chimiques autorisés par les réglementations européennes.
Afin de satisfaire les exigences sanitaires et phytosanitaires à l’international et ainsi renforcer nos exportations, le MAEP, via le projet de Croissance Agricole et de Sécurisation Foncière (CASEF, 2016 – 2021), a financé l’acquisition des équipements du laboratoire de micropolluants. Par ailleurs, l’IPM a demandé l’appui de l’Union Européenne, via le programme d’Appui à l’Emploi et à l’Intégration Régionale (PROCOM, 2014 – 2019), pour lui permettre de remplir les exigences d’accréditation en matière de fiabilité des méthodes d’analyses, de raccordement métrologique, de maîtrise des conditions ambiantes et de traçabilité. Cet accompagnement vers l’accréditation et l’obtention de celle-ci pour les analyses considérées va permettre la reconnaissance des résultats par les pays importateurs. Ce laboratoire devrait permettre de développer l’exportation de produits à forte valeur ajoutée, comme ceux issus de l’Agriculture Biologique.
La mise en place de ce laboratoire des micropolluants à l’IPM va permettre l’analyse des contaminants alimentaires sur place, réduisant ainsi les délais et le coût de ces prestations, pour de nombreuses filières, comme la vanille, les épices, le miel, la pêche et l’aquaculture, les fruits et légumes, les grains secs et les arachides. Le laboratoire a été inauguré, le vendredi 9 avril 2021, par le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Monsieur Désiré TILAHY représentant Monsieur le Ministre et le directeur de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM), le Professeur André SPIEGEL, en présence du Chef de Service Finance Contrat de l’Union Européenne, représentant Monsieur l’Ambassadeur et de Son Excellence Monsieur Christophe BOUCHARD, Ambassadeur de France à Madagascar.
De gauche à droite : Monsieur Didier RANDRIANARISON, Chef de service normes et qualité du MICA, SEM Christophe BOUCHARD, Ambassadeur de France à Madagascar, Professeur André SPIEGEL, Directeur de l’IPM, Monsieur Désiré TILAHY, Sécrétaire Général du MAEP, Monsieur Emile MABITA, Chef de Service Finance Contrat de l’Union Européenne, Monsieur SOJA SESY, Coordonnateur du projet CASEF
Visite du laboratoire des micropolluants
A propos du Laboratoire des micropolluants
Situé au sein du Laboratoire d’Hygiène des Aliments et de l’Environnement (LHAE) de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM), le Laboratoire des Micropolluants permet la détection des micropolluants organiques tels que les insecticides, les fongicides, les antibiotiques. Ce lieu dispose d’une chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse en tandem, type « quadripôle », capable de détecter une centaine de pesticides, de nombreux contaminants issus des emballages ou des additifs alimentaires, et d’autres contaminants environnementaux comme les dioxines. Cet équipement permettra également d’identifier le profil chimique contenu dans des huiles essentielles, filière d’une importance croissante dans l’économie Malgache. Le laboratoire pourra également dans un 2ème temps développer des applications dans le domaine de l’eau et plus généralement de l’environnement avec par exemple le dosage des hydrocarbures dans l’eau.
La chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem, type « Orbitrap », permet de réaliser des « screening non ciblés » où l’on peut confirmer la présence de nombreux contaminants. Cela permet entre autres, de détecter plus de 300 molécules de pesticides, les différentes classes d’antibiotiques comme les pénicillines ou tétracyclines et les hormones stéroïdiennes dans les produits d’origine animale (viande, lait, miel…), les mycotoxines comme les aflatoxines, l’ochratoxine ou le zéaralénone. Le laboratoire compte développer dans un deuxième temps les applications liées à l’authentification des aliments ce qui permet de lutter contre les fraudes alimentaires (adultération des aliments) ou les fraudes à l’importation (tarification douanière).
La prise en main de ces nouvelles technologies n’a été possible qu’après la formation de l’équipe technique du laboratoire, soit cinq personnes, ainsi que de deux techniciens du Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (MAEP).
Le laboratoire apporte le plus grand soin à la préparation des échantillons et à l’extraction des contaminants. Les méthodes SPE dispersives de QuEChERS sont une approche pratique et efficace pour l’extraction des pesticides des aliments. Elles permettent en une extraction de lancer des analyses à la fois sur la LC-MS/MS et sur la GC-MS/MS et de déterminer plus de 500 molécules de pesticides.
Le laboratoire des micropolluants est un outil essentiel qui permettra aux autorités compétentes du MAEP de contrôler et de garantir la qualité sanitaire des produits agricoles, y compris ceux destinés au marché local. Il vient renforcer le système national de sécurité sanitaire des aliments en mettant à disposition un outil performant, capable d’identifier toute contamination chimique dans les aliments commercialisés dans le pays, y compris les aliments importés. Cet appui au contrôle sanitaire aura pour conséquence une meilleure prise en compte du risque de maladies d’origine alimentaire et une lutte plus efficace contre les fraudes alimentaires. Ce laboratoire participe non seulement au développement économique de Madagascar, mais aussi à l’amélioration de la santé et de la sécurité alimentaire de la population malgache.
© Crédit photo : Institut Pasteur de Madagascar