La peste est une maladie de rongeurs infectés par la bactérie Yersinia pestis et transmise à l’homme par piqûre de puces de ces rongeurs. Si dans certaines régions du monde la peste n’est plus un problème de santé publique, elle persiste dans certains pays. Selon l’OMS, de 2013 à 2018, près de 97% des cas de peste humaine déclarés dans le monde ont été recensés sur le continent africain, dont 80% à Madagascar.
A Madagascar, les Hautes Terres Centrales (HTC) forment une région où des cas localisés de peste apparaissent quasi-annuellement. Dans cette région, le district de Tsiroanomandidy est un foyer actif de la peste tandis que le district d’Ambositra, actuellement endémique pour la peste, a été une région à forte activité pesteuse dans les années 20001. Une question s’est posée : l’apparition des cas humains de peste évolue-t-elle de la même manière dans ces deux districts au cours d’une même période donnée ?
Une équipe pluridisciplinaire de l’Institut Pasteur de Madagascar (Unité Peste et Unité d’Epidémiologie et de Recherche Clinique) a étudié l’apparition des cas de peste dans ces districts et leur évolution dans le temps (de 2006 à 2015). En utilisant une nouvelle méthode de calcul, le DDMI (Deviation from the decadal mean of the incidence),l’étude2 a révélé une évolution différente du nombre de nouveaux cas de peste dans les deux districts. Cette différence d’évolution épidémiologique des cas de peste dans les deux districts pourrait être liée à des éléments comme : l’environnement, le climat, les caractéristiques de la population (genre, catégories professionnelles, âge …), son mode de vie (travail agricole en zone rural attirant les rats, stockage de denrées alimentaires dans les habitations…), son comportement en cas de peste (la prise en charge plus ou moins rapide des cas de peste) mais également des contextes socio-politiques (diminution du nombre de tests diagnostiques et des déclarations de nouveaux cas durant les crises sociales et politiques). Ainsi, une nouvelle approche prenant en compte l’ensemble de ces facteurs spécifiques de chaque région s’avère utile pour améliorer la compréhension de la dynamique de la peste et la mise en place d’une politique plus efficace de lutte contre la peste à Madagascar.
1Lien article: Current epidemiology of human plague in Madagascar. Chanteau S, Ratsitorahina M, Rahalison L, Rasoamanana B, Chan F, Boisier P, Rabeson D, Roux J. Microbes Infect. 2000;2(1):25–31. https://doi.org/10.1016/S1286-4579(00)00289-6.
2Lien article: A decade of plague in Madagascar: a description of two hotspot districts. Rakotosamimanana S, Kassie D, Taglioni F, Ramamonjisoa J, Rakotomanana F, Rajerison M.BMC Public Health. 2021 Jun 10;21(1):1112. https://doi.org/10.1186/s12889-021-11061-8.