Célébration des 30 ans de l’Unité d’entomologie médicale et soutenances des thèses de trois nouveaux entomologistes Malagasy
Les deuxièmes journées d’entomologie médicale de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) ont été organisées du 08 au 10 août 2017. Les 30 années d’existence de l’Unité d’entomologie médicale ont été célébrées à cette occasion. Les différents partenaires scientifiques et techniques de l’IPM ont honoré de leur présence la cérémonie d’ouverture, marquée par une série de discours officiels, deux conférences introductives, le découpage du gâteau d’anniversaire et une visite de laboratoire.
Les conférences introductives, respectivement présentées par le Docteur Sébastien Boyer, précédent chef de l’Unité d’entomologie médicale et par le Docteur Romain Girod, actuel chef de cette unité présentaient respectivement l’historique et l’actualité des recherches en entomologie médicale menées à l’IPM depuis 30 ans.
Durant les tables rondes, les grands enjeux de la recherche sur les moustiques vecteurs du paludisme et d’arboviroses ; ainsi que sur les puces vectrices de la peste à Madagascar et dans la région sud-ouest de l’Océan Indien ont été discutés.
Enfin, ces journées ont permis à trois étudiants malgaches de l’Université d’Antananarivo de soutenir leur thèse en entomologie. Ces soutenances sont venues finaliser des travaux de thèse de très grande qualité qui avaient été menés et encadrés à l’Institut.
Missions de l’Unité d’entomologie médicale de l’IPM
Discipline étudiant les insectes et autres arthropodes responsables de pathologies humaines, en vue de définir des moyens de lutte efficaces et ciblés, l’entomologie médicale est une science qui concerne directement la santé de plus de trois quarts de l’humanité.
A Madagascar, le paludisme dû à des parasites transmis par les moustiques anophèles, et la peste, causée par une bactérie transmise par les puces de rats, demeurent des problèmes majeurs de santé publique. Les arboviroses comme la dengue, le chikungunya, la fièvre de la vallée du Rift, la fièvre West Nile sont aussi des maladies transmises par des moustiques qu’il est primordial de surveiller. En quête permanente de compréhension des mécanismes de transmission de ces maladies, l’Unité d’entomologie médicale de l’IPM, travaille sur la taxonomie, la bio-écologie, le comportement, la génétique des insectes en lien avec leur rôle vecteur, ainsi que sur l’identification des déterminants et mécanismes de leur résistance aux insecticides. Le but est de définir des stratégies de lutte contre les vecteurs du paludisme, des arboviroses et de la peste plus performantes, en s’appuyant sur une bonne connaissance de ces insectes vecteurs et la mise en place d’outils de surveillance entomologique.
Vers de nouvelles orientations stratégiques de lutte anti-vectorielle
Durant ces deuxièmes journées d’entomologie médicale, Sanjiarizaha RANDRIAMAHERIJAONA, Thiery Nirina JEAN JOSE NEPOMICHENE, et Adélaïde MIARINJARA ont soutenu leurs thèses. Dirigés et encadrés par des chercheurs pasteuriens, les trois nouveaux docteurs sont auteurs, à eux trois, de près de vingt articles publiés ou soumis à publication dans des revues internationales.
Un nouvel arsenal pour tester l’efficacité des moustiquaires imprégnées pour la lutte antipaludique
Sanjiarizaha RANDRIAMAHERIJAONA a soutenu une thèse intitulée « Evaluation de la bio-efficacité des outils de lutte contre les vecteurs du Plasmodium à Madagascar : réalités et limites ». Grâce aux moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée et aux pulvérisations intra-domiciliaires d’insecticide à effet rémanent, principaux outils habituels de lutte contre les moustiques à Madagascar, plus de cent milles cas de paludisme sont évités chaque année. Cependant, la maladie persiste sur l’ensemble du territoire et la recrudescence d’épidémies est toujours à craindre. Pour assurer l’efficacité de ces moyens de lutte habituels, il est nécessaire de contrôler leur qualité. Les travaux de thèse de Sanjiarizaha RANDRIAMAHERIJAONA, ont permis, outre l’évaluation des outils et méthodes de lutte anti-vectorielle utilisés en routine à Madagascar, d’élaborer et de valider de nouvelles méthodes d’évaluation des moustiquaires imprégnées plus rapides, plus précises et moins coûteuses.
Anopheles coustani : un nouveau vecteur impliqué dans la transmission de la fièvre de la Vallée du Rift et du paludisme à Madagascar
Thiery Nirina JEAN JOSE NEPOMICHENE a présenté ses travaux intitulés « Biologie d’Anopheles coustani et implications dans la transmission du Plasmodium et du virus de la fièvre de la Vallée du Rift à Madagascar ». A Madagascar le moustique Anopheles coustani a été trouvé infecté naturellement par le virus de la fièvre de la Vallée du Rift, durant les épidémies de 2008 et de 2009. L’implication éventuelle de cette espèce, très abondante et très largement répandue, dans la transmission du plasmodium responsable du paludisme restait, elle, mal documentée. A travers sa thèse, Thiery NEPOMICHENE, a décrit de très nombreux aspects de la biologie, de l’écologie et du comportement d’Anopheles coustani et a pu démontrer le rôle vecteur de cette espèce dans la transmission du paludisme et de la fièvre de la Vallée du Rift.
La puce Xenopsylla cheopis, résistante aux insecticides, cible d’une nouvelle stratégie de lutte
Eradiquée dans de nombreux pays du monde, la peste reste une maladie endémique à Madagascar. La bactérie Yersinia pestis est notamment transmise à l’homme par la piqure de la puce du rat Xenopsylla cheopis. Des centaines de cas sont rapportés chaque année dans le pays. Les déclarations des cas sont actuellement facilitées grâce aux bandelettes de diagnostic rapide, outils mis au point par l’Institut Pasteur de Madagascar. L’épandage de poudres insecticides dans les habitations est la méthode privilégiée par les services de lutte anti-vectorielle. Les boîtes de Kartman sont aussi utilisées, mais leur efficacité se devait d’être testée. Par ailleurs, une résistance des puces à plusieurs insecticides a été observée et d’autres espèces de puce, auparavant non décrites comme porteuses de la bactérie pathogène, sont devenues candidates à la transmission de l’infection. A travers les travaux de sa thèse intitulée « Xenopsylla cheopis, puce vectrice de Yersinia pestis : évaluation de la sensibilité aux insecticides et nouvelles perspectives pour la lutte anti-vectorielle à Madagascar », Adélaïde MIARINJARA a étudié la résistance de Xenopsylla cheopis à divers insecticides, évalué l’efficacité des boîtes de Kartman, et partant, proposé de nouvelles orientations pour la lutte contre les puces à Madagascar. La jeune docteur a contribué à une découverte première d’un gène connu lié à la résistance des puces à certaines molécules d’insecticide, dans une population de Xenopsylla cheopis de Madagascar.