Moustique
Des chercheurs de l’Institut Pasteur de Madagascar contribuent à l’effort de recherche sur les stratégies alternatives à l’utilisation des insecticides pour la lutte contre les moustiques responsables du paludisme, de filarioses ou d’arboviroses
A Madagascar, deux types d’étude ont été menées dans le cadre d’une collaboration entre l’Unité d’entomologie médicale de l’Institut Pasteur de Madagascar et le Department of Disease Control de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (Royaume-Uni) pour détecter la présence ou l’absence de Wolbachia chez les populations de moustiques. En effet, la recherche de méthodes alternatives à l’utilisation d’insecticides dans la lutte contre les insectes qui transmettent des maladies à l’homme et aux animaux reste au cœur des préoccupations des chercheurs en entomologie médicale.
Les bactéries Wolbachia vivent et se multiplient à l’intérieur des cellules des insectes. De par leur présence, elles peuvent diminuer l’aptitude de l’insecte à se reproduire. Chez les insectes vecteurs tels que les moustiques, les Wolbachia peuvent également réduire leur capacité à transmettre les maladies en empêchant le développement des virus, notamment le virus de la dengue ou des parasites comme les Plasmodium responsables du paludisme. Certaines souches de Wolbachia introduites artificiellement chez des moustiques Aedes (genre de moustiques vecteurs de pathogène à l’homme) sont d’ailleurs désormais à la base de programmes expérimentaux de lutte biologique.
Dans la première étude (1), la recherche de la présence de Wolbachia et de certains agents pathogènes a été effectuée chez des moustiques vecteurs de maladie provenant de cinq différentes régions de Madagascar. La présence de nouvelles souches de Wolbachia a été mise en évidence chez plusieurs espèces de moustiques. De plus, certains de ces moustiques ont aussi été détectés porteurs d’agents pathogènes tels que le virus de la fièvre de la Vallée du Rift. Ces découvertes pourraient ouvrir de nouvelles voies pour la lutte biologique contre les moustiques vecteurs de maladies. L’article relative à cette première étude a été publiée par le journal scientifique « Scientific Reports » le 29 novembre 2018.
Dans la deuxième étude (2), la présence de Wolbachia et du parasite Plasmodium, responsables du paludisme, a été recherchée chez des moustiques vecteurs qui ont été collectés dans cinq pays d’Afrique sub-saharienne: Guinée, République démocratique du Congo, Ghana, Ouganda et Madagascar. A Madagascar, Wolbachia n’a pas été détecté chez les moustiques qui peuvent transmettre le paludisme. Par contre, deux nouvelles souches de Wolbachia ont été découvertes chez des moustiques collectés en Afrique continentale. De par leur présence en quantité élevée chez ces moustiques, le transfert de ces souches à d’autres espèces de moustiques qui peuvent transmettre le paludisme pourrait être envisagé pour empêcher le développement du parasite dans les moustiques et diminuer ainsi la transmission de la maladie. L’article relative à cette deuxième étude a été publiée par le journal scientifique « Welcome Open Research » le 27 novembre 2018.
C’est la première fois qu’une recherche de Wolbachia est entreprise chez des moustiques vecteurs de maladies à Madagascar. Ces découvertes suggèrent de poursuivre des travaux de recherche initiés en vue d’étudier la faisabilité de la mise en place de stratégies de lutte biologique contre les moustiques à Madagascar ou dans d’autres régions du monde.
(1)Diverse novel resident Wolbachia strains in Culicine mosquitoes from Madagascar. Jeffries CL*, Tantely ML*, Raharimalala FN*, Hurn E, Boyer S, Walker T. Scientific Reports 2018; 8(1):17456. doi: 10.1038/s41598-018-35658-z
(2)Novel Wolbachia strains in Anopheles malaria vectors from Sub-Saharan Africa. Jeffries CL*, Lawrence GG, Golovko G, Kristan M, Orsborne J, Spence K, Hurn E, Bandibabone J, Tantely LM, Raharimalala FN, Keita K, Camara D, Barry Y, Wat’senga F, Manzambi EZ, Afrane YA, Mohammed AR, Abeku TA, Hedge S, Khanipov K, Pimenova M, Fofanov Y, Boyer S, Irish SR, Hughes GL, Walker T. Wellcome Open Research 2018; 3:113. doi: 10.12688/wellcomeopenres.14765.1.