Surveillance des maladies

L’Institut Pasteur de Madagascar lance une nouvelle application du système Androïd pour la surveillance des épidémies

Du 14 au 24 Juillet 2015, en collaboration avec le Ministère de la Santé Publique et l’USAID, l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) a organisé la réunion annuelle d’agents communautaires et des responsables de Centres de Santé de Base (CSB) liés au réseau de surveillance sentinelle des fièvres et des maladies à potentiel épidémique. La réunion a permis aux acteurs d’échanger sur diverses thématiques relatives à la surveillance épidémiologique et de bénéficier d’un renforcement de capacités à travers l’utilisation d’une nouvelle application sur téléphone Androïd pour améliorer la collecte et le partage des données venant du terrain.

 

Les agents communautaires apprennent à prendre en main les nouveaux appareils

Les agents communautaires apprennent à prendre en main les nouveaux appareils

73 Agents Communautaires venant de trois districts de Madagascar – Ankazobe, Farafangana et Moramanga – ainsi que 54 responsables de CSB ont bénéficié d’un renforcement de capacités en matière de collecte de données à travers l’utilisation de la technologie Androïd. Des informaticiens de l’Institut Pasteur de Madagascar ont développé une application Android avec un questionnaire rédigé en malagasy. Le nombre de maladies ayant été identifiées pendant la journée sont saisies dans ce questionnaire, et il suffit d’appuyer sur un bouton pour qu’il soit transformé en SMS et envoyé dans les ordinateurs de l’Institut Pasteur de Madagascar pour analyse automatique et détection de seuil épidémique.

L’ordinateur génère un sms qui est automatiquement renvoyé à tous les membres de ce réseau afin de les informer sur leur situation épidémiologique, ainsi que celle du réseau national. Cette application, développée par des ingénieurs malagasy, est innovante car elle n’a pas besoin d’Internet afin de pouvoir bénéficier aux zones enclavées. Elle permet aussi une rétro-information en temps réel dans les smartphones de ce réseau.

Jean Narivelo, de l’Unité épidémiologie, présente le nouvel appareil que les agents communautaires utiliseront pour l’envoi des rapports journaliers

Jean Narivelo, de l’Unité épidémiologie, présente le nouvel appareil que les agents communautaires utiliseront pour l’envoi des rapports journaliers

Cette réunion est cruciale pour une meilleure surveillance des maladies à potentiel épidémique et limiter la propagation des épidémies, notamment à travers l’utilisation de la technologie Androïd. Ce renforcement aidera à préserver les services essentiels et à atténuer les retombées économiques et sociales néfastes pour la Grande Ile. Les agents communautaires sont, pour une grande partie de la population nationale, le seul accès aux soins qui leur soit proche. Ce réseau informatisé de surveillance permet quotidiennement de se rapprocher d’eux et donc des populations enclavées afin de permettre une riposte immédiate en cas d’épidémie. Les Centres de Santé de Base de ce réseau bénéficient aussi de ces atouts.

« Je suis devenu agent communautaire car j’aime m’occuper d’autres personnes. Nous à Ankazobe, nous avons un taux assez élevé de malades par rapport à d’autres districts, l’utilisation de ce nouvel outil me permettra d’envoyer mes rapports plus facilement, plus vite et de manière plus complète. Ça nous permettra, j’espère, de réagir plus vite face aux maladies. »
a témoigné Lucien Rakotondravelo, un agent communautaire du district d’Ankazobe.

Madagascar est l’un des rares pays qui dispose d’un système de surveillance des fièvres fonctionnant depuis plusieurs années. L’histoire nous apprend que Madagascar a été confronté à plusieurs reprises à des épidémies majeures aux conséquences sanitaires et socio-économiques importantes, telles que les épidémies de paludisme, de dengue, de chickungunya, ou de peste. Ce réseau de surveillance permettra de suivre les tendances de la morbidité et de la mortalité attribuables au paludisme et aux autres pathologies. On pourra par la même occasion en déduire les impacts des luttes menées. A l’heure actuelle, les épidémies telles que le paludisme, la grippe, le choléra, la polio et les arboviroses font l’objet de surveillance au sein du réseau. Les données de ce système ont permis à l’IPM de prédire l’importance de la morbidité par paludisme à l’échelle du pays, mais aussi de signaler des recrudescences de cas de paludisme dont les causes ont été attribuées à des défauts d’efficacité de la lutte anti-vectorielle ou des ruptures de stock de médicaments.